Il faut d’abord avoir soif…
CATHERINE DE SIENNE
À L’AMITIÉ,
Sentiment divin
par qui, selon la présence ou l’absence,
nous sommes vivants ou tués,
je dédie ces poèmes d’imagination sur l’amour,
passion cruelle et vaine.
A. N.
XIII
Si j’apprenais soudain que, triste, halluciné,
Maudissant, haïssant, tu as assassiné,
J’irais tranquillement vers cette main mortelle,
J’abdiquerais le monde, et me tiendrais près d’elle…
XXVII
Je possédais tout, mais je t’aime;
Mon être est par moi déserté;
Je vis distante de moi-même,
Implorant ce que j’ai été:
Songe à cette mendicité!
Est-ce ta voix ou ton silence,
Ou bien ces indulgents débats
Où, répétant ce que tu penses,
Je t’induis en tes préférences
Afin de suivre tous tes pas,
Qui me font, avec confiance,
Affirmer notre ressemblance,
O toi que je ne connais pas?…
XLII
Le bonheur d’aimer est si fort,
Étant seul la négation
Du quotidien et de la mort,
Que je n’ai, dans ma passion,
Dans cet amour que je ressens,
Vraiment jamais rien désiré,
Rien attendu, rien espéré,
Que mon désir éblouissant!
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
LXIX
Si vraiment les mots t’embarrassent,
Ne dis rien. Rêve. N’aie pas froid;
C’est moi qui parle et qui t’embrasse;
Laisse-moi répandre sur toi,
Comme le doux vent dans les bois,
Ce murmure immense, à voix basse…